IN CONVERSATION WITH OLIVIER KAEPPELIN
On the 7th of March 2024, Panoptès held a conversation, in French, between artist Dimitry Orlac and art curator, author and former director of the Fondation Maeght, Olivier Kaeppelin.
Alongside the video recording of the conversation, we would like to share the following text, also in French, by Pierre Dunoyer:
Propos libres sur l’oeuvre plastique de Dimitry Orlac
Dans la solitude collective de « l’être au monde », Dimitry Orlac réalise un porté à manifestation rusé et opiniâtre ; laissant être pour ne pas déranger ce qui demeure en retrait et dans l’affleurement subtil ce qui peut advenir jusqu’au voir.
Le peintre Orlac se saisit de différents supports (papiers, toiles, etc.) tendus sur châssis et couverts dans une temporalité pensante, à l’aide d’une mine de pure graphite, la surface, jusqu’a combler celle-ci sans autre procès que son recouvrement.
Depuis 1992 les « Tableaux/Graphites » donc, titre générique et matériel d’effectuation pour laisser et affleurer tout en même temps le lieu de la méditation et le donner à voir, sans qu’un calcul puisse peser le passage du graphite et rationaliser le donner à voir.
Cet homme, peintre, seul partagé par tous pense phénoménalement la distance entre le possible et le disponible. Il donne « Justice »1 à l’objet ainsi accessible que l’on peut nommer tableau.
Tableau gagné sur l’illusion, tableau rédigeant le verdict de la présence par la traversée de tous les soucis que le laisser être instruit et ici déploie.
L’objet « ainsi qu’en un tableau » manifeste alors le luire où s’entrouvre en partage le monde et le pauvre, le riche et l’inaccessible.
Argenté, parfois miroitant, obscur et éclairant, la source et l’épreuve conjointement distinguées par l’exigence du droit à la présence dénuée de manque, parcourue de frissons annonçant l’orage, préparant la clarté, installant l’hospitalité.
L’hostile est là certes mais au sommeil de son repos.
Le mouvement invitant dispose alors de toute son aisance.
Le locuteur dit : « Je suis un peintre et ami », Orlac répond : « Entre tu es le bienvenu ».
Ainsi sont les fins. Les moyens toujours rétroactifs se donnant dans la présentation des œuvres. Lesquelles sont toujours portées par le large sourire de celui qui traverse sans déranger. Le bonjour des œuvres est encore à penser.
Je ne m’appesantirai donc pas sur la biographie ni sur l’instruction pourtant nourrie d’œuvres précédentes, plastiques et littéraires, qui animent le possible de Dimitry Orlac.
1 Martin Heidegger, « La parole d’Anaximandre » (1946), Chemins qui ne mènent nulle part, 1962, Paris, Gallimard.